L'Institut d'éthique politique Montalembert change de nom ... et fait un pas de côté sur l'écologie

 En octobre dernier (2022), l'Institut d'éthique politique Montalembert, qui avait activement affiché son soutien à l'initiative du pacte éthique aux dernières élections présidentielles, a décidé de changer de nom et s'appelle désormais l'Institut d'éthique politique (sigle IEP) et a relooké son site web.

 Ce qui est un peu dommage, c'est qu'à la faveur de cette mutation au demeurant assez innocente, certaines voix climatosceptiques au sein de l'association, autrefois plus discrètes, ont profité de ces changements pour monter au créneau et afficher leurs positions sur le nouveau site. Un certain Stanislas de LARMINAT, administrateur de longue date de l'association, s'est, en particulier, répandu sur les pages du site sur le thème de l'écologie. Étant donné qu'il n'est pas possible de réagir sur ces pages qui se veulent pourtant celles d'un blog, il me paraît judicieux d'apporter quelques commentaires sur les articles que ce dernier a cru bon de faire publier sur le nouveau site.

 En effet, Stanislas de LARMINAT critique généralement les travaux du GIEC, voire d'autres associations telles que la "Fresque du climat" (dont je salue chaleureusement le sérieux et l'engagement admirable pour la défense de l'environnement) au motif qu'il aurait fait plus chaud à l'époque médiévale qu'aujourd'hui. Il avance aussi que, contrairement à ce qu'affirme "sans équivoque" le sixième et dernier rapport du GIEC, la science ne permettrait pas de conclure que les activités humaines seraient à l'origine du réchauffement climatique global. Il s'appuie en cela sur des études très controversées qui prétendent mettre sur le même plan les rares mesures indirectes à peu prés fiables de température (déduites/recontruites à partir de "proxy" comme la composition de strates géologiques ou la disposition des cernes de croissance d'arbres, par exemple, des 20 000 dernières années), voire sur des témoignages indirects plus ou moins officiels, et les mesures directes relevées depuis le milieu du dix-neuvième siècle. Étant donné la difficulté d'obtenir des mesures de température indirectes par proxy, les "reconstructions" sont multiples et assez peu concordantes, sans compter les marges d'erreur associées qui ne sont elles-mêmes pas si faciles à évaluer.

 Le GIEC a d'ailleurs évoqué ces "reconstructions" dans son dernier rapport et conclu, sur la base d'études scientifiques indépendantes récentes, que même en considérant les valeurs extrêmes de ces intervalles d'erreur, les valeurs moyennes de température (soient celles qui caractérisent la température globale de la Terre au fil du temps) correspondant à l'époque médiévale restent toujours nettement inférieures à celles que l'on peut mesurer à notre époque actuelle.

 Outre le manque de rigueur scientifique, on peut regretter d'autant plus ces prises de position d'un point de vue éthique que la doctrine sociale de l'Église, notamment dans la dernière encyclique du Pape François Ier ("Laudato Si"), reconnait l'importance cruciale de la prise en compte de l'impact des activités humaines sur l'environnement. Celle-ci évoque même l'urgence d'agir pour contenir voire contrebalancer les conséquences, y compris sociales, sur notre écosystème (inégalités sociales et géographiques entre pays du nord et pays du sud, etc.).

Rédigé par Pierre Olivier BONNAUD, le 8/05/2023.